Histoire du vin en Autriche

Les premières traces de vin autrichien ont été découvertes à l'âge du bronze, au Xe
siècle avant JC, dans la vallée du Traisental et le Weinviertel.

La découverte d'autres pépins de raisin dans le Burgenland remonte à l'époque celtique vers 700 av JC. La culture du vin s'est ensuite propagée sur les rives du Danube (la région que nous connaissons sous le nom de Carnuntum) et en Styrie, une région du sud de l'Autriche. Elle s'y développa si bien qu'en l'an 92, l'empereur Domitien ordonna l'arrachage des vignes par crainte de surproduction.

Vin autrichien pendant l'Empire romain

A l'époque romaine, l'Autriche bénéficiait alors d'une viticulture florissante. La culture de la vigne était, à cette époque, interdite au nord des Alpes. L'empereur Marc Aurèle a levé cette interdiction. Cependant, la chute de l'Empire romain et l'invasion des barbares ont ravagé le domaine viticole autrichien.

Heureusement, en 788, Charlemagne, sous l'influence des moines cisterciens, ordonna la reconstruction du domaine viticole autrichien. Cela a été écrit dans son "Capitulare Villis", qui contenait des directives détaillées sur la viticulture, l'entretien du vignoble et la législation sur le vin.

Aux Xe et XIe siècles, ces moines ont apporté la viticulture bourguignonne dans le cadre de l'installation de la collégiale Heiligenkreuz et du domaine Freigut Thallerne dans la Thermenregion. A cette époque, ce sont les abbayes qui exploitaient le vignoble et mettaient en place certaines pratiques comme la culture en terrasse dans la Wachau par exemple.

La croissance du vin en Autriche

Au 12ème siècle, la vigne pouvait s'implanter dans les villes. En effet, en 1170, la famille Babenberg s'installa à Vienne, ce qui profita naturellement à la capitale. L'auberge viticole Seitzerkeller s'est installée rue Dorothergasse et 60 a suivi.

Ainsi, au XIVe siècle, les premiers vignobles s'établissaient à Vienne, qui devient alors le centre du commerce du vin sur le Danube.

Bien que les appellations viendraient bien plus tard, la Reine Marie de Hongrie, en 1524, accorda aux vignerons de Rust de marquer leurs barriques d'un R majuscule.

En 1526 est né le premier "Lutherwein". Ce dernier est le premier vin de dessert cultivé sur les terres de la famille princière Esterhazy. La dernière goutte sera bue en 1852.

Au XVIIe siècle, l'Autriche comptait 150 000 ha de vignes. Mais la guerre de Trente Ans mit fin à cet âge d'or, avec l'invasion des Turcs et la création de la bière...

Pourtant, au XVIIIe siècle, Marie-Thérèse et François-Joseph II remettaient au goût du jour la viticulture. Concrètement, le 17 août 1784, Josephinische Zirkularverordnung autorise «de vendre ou de servir à tout moment de l'année les mets, vins et vins de fruits qu'il produit, n'importe comment, à quelle heure et à quel prix“. Elle vient de créer le célèbre Heuriger (ou Buschenschank) que l'on connaît aujourd'hui.

L'impact des maladies fongiques et du phylloxéra en Autriche

Au XIXe siècle, c'est au tour des maladies fongiques de ravager le domaine viticole autrichien. Loïdium a été découvert en 1850 et l mildiou (Péronopsora) en 1878.

Cela a conduit à la création du premier collège viticole, Klosterneuburg, par le baron de Babo en 1860, qui a dessiné les premières ébauches de la viticulture autrichienne. Depuis 1902, elle s'appelle désormais la « Höhere Lehranstalt für Wein- und Obstbau » et est la plus ancienne école du vin au monde.

Malheureusement, après les maladies fongiques, c'est au tour du phylloxéra de ravager plus de 25% du cépage national en 1872.

Ainsi en 1914, l'Autriche ne compte que 50 000 hectares de vignes.

Les nouvelles techniques de la viticulture autrichienne

En 1922, Fritz Zweigelt était directeur du collège de Klosterneuburg.

Si le mot « Zweigelt » vous rappelle un cépage, vous avez raison : il a inventé le « Blauer Zweigelt » (ou Rotburger) en croisant deux cépages rouges autrichiens : le Blaufrankisch et le Saint-Laurent. Ses apports à la viticulture autrichienne sont ternis par son appartenance au parti nazi, qui lui permet de rester à la tête du collège jusqu'en 1945.

Cependant, les conseils prodigués par ce collège n'étaient pas toujours pertinents. Jusque dans les années 1980, bien après que les Français se soient rendus compte qu'il était nécessaire que le vin rouge passe par la fermentation malolactique, le collège a continué à le déconseiller. Les Autrichiens ont alors pris beaucoup de retard dans leur production de vin rouge.

En 1950, Lenz Moser de Rohrendorf publie « Weinbau einmal anders », où il décrit la culture dite haute permettant la mécanisation et la rationalisation de la viticulture, favorisant ainsi une forte augmentation des quantités. Dans les années 1980, plus de 90% de vignobles utilisaient ces nouvelles techniques

Les deux guerres mondiales ainsi que la chute de l'empire austro-hongrois ont eu une conséquence directe sur le terroir viticole autrichien. Gamser, par exemple, possède des vignes Welschriesling des deux côtés de la frontière.

Ainsi, depuis 2015, l'Historischer Doppelbesitz est en place, permettant aux producteurs d'utiliser les raisins des deux côtés de la frontière.

La chute de la viticulture autrichienne

A cette époque, dans les années 70 et 80, l'Autriche était le 3ème pays producteur de vin au monde. Ils attirent ainsi un certain nombre d'Allemands, friands des BA et TBA autrichiens, dans leurs stations balnéaires au bord du lac de Neudsiedlersee. Cela a conduit à la chute de la production de vin autrichienne.

En effet, on s'est vite aperçu qu'il y avait plus de vins exportés que de vins produits, du Burgenland et du prestigieux village de Gumpoldskirchen. En 1985, on découvrit que le vin exporté avait été altéré, qu'il avait été dosé en diéthylène glycérol, un antigel, apportant de la douceur aux vins. Quatre producteurs ont été inculpés.

Un an plus tard, plus de vingt personnes sont mortes à cause de cette pratique en Italie. Cependant, pour des raisons inconnues, cela n'a pas terni pas la réputation de ce dernier.

Le retour des vins autrichiens

Suite à ce scandale de l'antigel, comme baptisé par l'histoire, l'Autriche a adopté les lois les plus strictes d'Europe en matière de production de vin. L'Académie autrichienne du vin a été fondée en 1991 et les blancs secs sont de plus en plus demandés.

Afin de redorer l'image des vins autrichiens, Aloïs Kracher s'est rendu à Londres en 1993 pour participer à une dégustation à l'aveugle. Il y ouia présenté des vins blancs moelleux autrichiens aux côtés des plus grands Sauternes, avec Château d'Yquem notamment. Ces vins blancs autrichiens y ont fait sensation.

« The London Tasting », organisée en 2002 par Jancis Robinson MW et Tim Atkin, était une dégustation à l'aveugle comparant les vins Grüner Veltliner et les Chardonnays. Ces vins internationaux provenaient de caves telles que Ramonet, Louis Latour, Jadot, Gaja (Italie), Mondavi (Californie) et Penfolds (Australie). Les quatre premières places ont été prises par Grüner Veltliner et Chardonnay locaux.

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Création d'une législation sur le vin en Autriche

En 2001, des Comités Régionaux des Vins ont été créés dans le but de : « améliorer la coordination des ventes, le développement des styles de vins typiques des régions et une collaboration étroite avec l'Office autrichien de commercialisation des vins pour la commercialisation et le positionnement de la région viticole ».

La même année, ils créent le concept de « DAC » (Districtus Austriae Controllatus). Le premier DAC était le Weinviertel DAC, le premier millésime étant 2002.

Mittelburgendland DAC était le deuxième en 2006 et de 2007 à 2009, trois autres ont été créés : Traisental DAC, Kremstal DAC et Kamptal DAC.

En 2010 ont été créés Leithaberg DAC et Eisenberg DAC.

En 2012, le DAC Neusiedlersee pour les vins de Zweigelt a été créé.

En 2013, Wiener Gesmischte Satz est devenu le 9e CAD.

En 2018, quatre autres DAC ont été créés : Rosalia, Weststeiermark DAC, Sûdsteiermark DAC et Vulkenland DAC.

En 2019, deux autres DAC ont été créés, ce qui totalise 15 DAC avec Carnuntum DAC et, enfin, Wachau DAC.

Enfin, à ce jour, l'Autriche se classe 17e (ou 19e selon les classements) au monde pour la production de vin, dont 65% est blanc. Sa superficie viticole est de 46500ha, ce qui correspond à moins de la moitié de la région bordelaise. Les exploitations sont souvent familiales, et de plus en plus dirigées par des jeunes trentenaires qui ont beaucoup voyagé. La consommation est majoritairement locale, bien que les exportations augmentent régulièrement en Allemagne et en Suisse.